G                                              INTRODUCTION
les tapisseries ne portent pas des inscriptions et ne représentent pas des scènes militaires ou des combats1.
On le voit, les signes distinctifs cles deux procédés sont des plus indécis et des moins sûrs. Dans beaucoup de cas, la marque d'origine elle-même ne saurait permettre de trancher cette incer­titude. Si, dans certains centres importants de fabrication, l'usage d'un seul métier a toujours prévalu, d'autres ateliers fameux, et les Gobelins en première ligne, ont employé simultanément les deux genres de travail. Et combien de manufactures célèbres se trouvent dans le même cas ! Le nombre cles tentures dont on peut avec certitude déterminer le mode d'exécution est donc relative­ment restreint. D'où il suit que presque.toujours on devrait dire : une tapisserie de haute ou de basse lice. Est-il bien nécessaire d'employer sans cesse une formule aussi longue, pourvu qu'il soit bien entendu que le mot tapisserie sera toujours pris dans le sens exclusif de tapisserie fabriquée sur le métier, soit de haute, soit de basse lice?
Ajoutons que la basse lice, en raison de la plus grande rapidité du travail, et par conséquent de l'économie, a été préférée dans beaucoup d'ateliers fort importants, tels que ceux de la Marche et de l'Auvergne.
L'oeuvre du hauteliceur est généralement considérée comme plus soignée, plus parfaite; on obtient toutefois avec l'autre métier cles résultats presque identiques, et la meilleure preuve qu'on en puisse fournir est la difficulté mème de reconnaître après l'exécu­tion la nature de la fabrication. Une longue observation et une vieille expérience se trouveront souvent en défaut, quand une signa­ture ou un texte précis ne leur prêteront pas un appui décisif.
Le terme tapisserie désignera donc exclusivement clans ce vo­lume l'ouvrage de haute ou de basse lice. Le mot tenture s'ap-
1 Un connaisseur émérite nous signale encore un autre moyen dc contrôle; nous l'indiquons seulement pour sa singularité. Le métier étant placé horizontale­ment, l'ouvrier, pendant le travail, tient la tète penchée sur la chaîne; aussi trouve-t-on parfois, en examinant le tissu de très près et à l'envers, cles poils de barbe pris dans l'ouvrage. Le môme accident ne peut se produire clans le travail de haute lice,1: le métier étant dressé verticalement devant le tapissier. Encore fallait-il que l'ouvrier de basse lice portât une longue barbe, pour en laisser des vestiges dans les tentures sortant de son atelier.